Crise migratoire : Près de 15 000 Haïtiens expulsés de la République Dominicaine en moins de deux semaines

En seulement 12 jours, près de 15 000 Haïtiens ont été expulsés de la République Dominicaine, dans un contexte de répression migratoire sans précédent. Entre durcissement sécuritaire, construction de mur frontalier et expulsions massives, les autorités dominicaines assument une politique migratoire controversée, au cœur de nombreuses critiques internationales.

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4/15/20252 min read

Entre le 1er et le 12 avril 2025, les autorités dominicaines ont procédé à l’expulsion de 14 874 ressortissants haïtiens en situation irrégulière, selon les données publiées par la Direction générale des migrations (DGM). Une accélération spectaculaire des opérations de rapatriement, qui reflète la volonté du gouvernement dominicain de durcir davantage sa politique migratoire face à l’afflux massif de migrants haïtiens.

Jusqu'à 10 000 expulsions par semaine

Pour le président Luis Abinader et son administration, l’objectif est clair : atteindre le seuil de 10 000 expulsions par semaine. Depuis octobre 2024, plus de 276 000 Haïtiens ont déjà été rapatriés vers leur pays d’origine.

Les autorités dominicaines justifient cette politique par ce qu’elles décrivent comme une "pression migratoire insoutenable" dans plusieurs régions du pays. "Nous devons agir de manière responsable afin de garantir la sécurité et la stabilité de notre territoire", a déclaré le porte-parole du gouvernement.

Renforcement des contrôles à la frontière

Dans le cadre de cette stratégie, les autorités dominicaines ont renforcé leur dispositif de surveillance à la frontière haïtiano-dominicaine. Des technologies de pointe ont été mobilisées : drones, caméras de surveillance, et extension du mur frontalier qui s’étend désormais sur 164 kilomètres. L’objectif affiché : mieux contrôler les flux migratoires et limiter les entrées clandestines.

Des critiques qui se multiplient

Cette politique d’expulsions massives suscite toutefois de vives critiques sur la scène internationale. Plusieurs organisations de défense des droits humains dénoncent des arrestations arbitraires et des conditions d’expulsion dégradantes, ciblant souvent des personnes vulnérables, dont des femmes et des enfants.

Malgré les assurances des autorités dominicaines, qui affirment mener leurs opérations dans le respect des droits humains, les accusations de violations du droit international se multiplient.

À l’Organisation des États américains (OEA), le représentant d’Haïti, Gandy Thomas, a fermement dénoncé ces expulsions, les qualifiant de "stratégie de nettoyage ethnique". Il appelle l’organisation régionale à intervenir en urgence pour favoriser un dialogue entre les deux pays.

La République Dominicaine reste inflexible

Face aux critiques, le gouvernement dominicain campe sur sa position. Il affirme que ses infrastructures et services publics sont dépassés par l’ampleur de la crise migratoire en provenance d’Haïti, un pays plongé dans l’insécurité et la crise humanitaire.

Pour l’instant, aucune solution diplomatique concrète ne semble émerger, laissant craindre une poursuite — voire une intensification — des expulsions dans les semaines à venir.